Yoga et plantes : l’alliance magique

Soutenir la respiration en yoga

Il y a plusieurs raisons et intérêts à intégrer une pharmacopée naturelle à sa pratique yoguique. La série “Yoga Botanica” sur ce blog explorera ces différents sujets – mais pour cet article, notre focus est l’intégration des plantes dans la pratique pour soutenir le système respiratoire.

Dans ce mois de février 2021 consacré à la respiration, il me semblait important de t’emmener hors du tapis vers le jardin (ou plutôt l’herboristerie) pour y découvrir les plantes alliées de notre respiration. 

Je crois sincèrement que l’attention que nous portons à notre corps dans le yoga, nos souffles, nos mouvements, ne se limite pas à la seule pratique sur le tapis. Nous pouvons garder cette attention bienveillante envers nous tout au long de la journée, dans notre alimentation, notre mode de vie, dans notre rapport aux autres comme à nous même.

Au même titre que le yoga a des effets sur les autres aspects de notre vie, nos choix en dehors du tapis impactent notre pratique yoguique. Les exercices respiratoires n’auront pas le même impact si nos choix de vie viennent contrer (ou à l’inverse soutenir) les effets initialement recherchés.

Dans cette optique, après avoir regardé à la loupe notre système respiratoire avec l’article Anatomie du souffle, explorons comment le chouchouter et en prendre soin avec les plantes. 

Avant de partir à la cueillette 

Avertissements de rigueur

Je me dois ici de faire divers avertissements. 

Tout d’abord, les informations dans cet article sont à but éducatif et informatif. Rien de ce que je n’écris ici ne se substitue aux conseils et traitements médicaux professionnels. La phytothérapie est une de mes passions, mais cela ne fait pas de moi une médecin.

Les recettes proposées sont à titre indicatif et ne doivent en aucun cas être utilisées par des personnes enceintes, allaitantes ou sur des enfants de moins de 2 ans et sans consultation préalable.

Si vous avez un traitement en cours, des conditions pré-existantes ou le moindre doute, veuillez consulter votre médecin.

De manière plus générale, j’engage toute personne se documentant sur internet à toujours doubler / tripler ses sources en les croisant. Bien entendu qu’on peut toustes expérimenter en conscience mais cela peut s’avérer très dangereux (et je parle d’expérience). Ne jamais baser une recette sur la première source trouvée est une bonne base de départ. N’hésite pas à tout remettre en question, y compris cet article 🙂

Pourquoi les plantes ?

Bien évidemment que nous pouvons prendre soin de notre système respiratoire avec d’autres outils : 

  • activité physique régulière, même modérée comme une marche à rythme doux
  • mode de vie – par exemple éliminer le tabagisme actif et passif, attention portée sur le lieu de vie, les produits d’hygiène…
  • exercices respiratoires (comme celui de Nadi Shodhana

Bref, ce n’est pas une liste exhaustive ! J’ai choisi de parler des plantes alliées parce que c’est un sujet qui me passionne mais ce n’est pas “la” réponse unique. Tout étant lié dans notre corps, tout étant lié autour de nous et nos choix de vie comme leurs impacts étant imbriqués, les choses ne se transforment pas comme par magie avec une plante.   

De l’utilisation avisée des plantes

La clef de l’utilisation des plantes est dans la régularité. Bien sûr, une décoction fortement dosée pourra avoir un effet rapide de même qu’un verre d’eau avec du psylium sur un transit bloqué. Mais la clef de voûte d’un traitement phytothérapique est dans la régularité des prises. Plus vous ingérez une plante, plus vous encodez ses effets sur votre organisme. De petites doses quotidiennes sont plus efficaces qu’une grande prise en une fois. 

Enfin, je rappelle une dernière fois que l’utilisation des plantes n’est pas sans risque. C’est peut-être insistant mais il y a encore beaucoup de mythes autour de l’utilisation des plantes et des médecines que l’on qualifie de “douces” sans faire cas des principes actifs avec lesquels on interagit.

Utilisation préventive

Un des grands intérêt de la phytothérapie au quotidien est l’approche préventive, c’est-à-dire entretenir son corps pour le garder en bonne forme et éviter de tomber malade. Mais une question se pose : de quelle prévention parle-t-on concernant notre respiration ?

Cet extrait de The Handmade Apothecary de Vicky Chown et Kim Walker résume parfaitement l’intérêt de l’approche préventive sur la santé pulmonaire :

La fonction du système respiratoire est l’échange gazeux : il évacue le dioxyde de carbone et absorbe de l’oxygène. Via le système respiratoire, cet oxygène est délivré à toutes les cellules du corps, par le sang. Les tissus du corps ont besoin d’un approvisionnement constant en oxygène pour fonctionner correctement. Une altération des voies respiratoires ou des muqueuses chargées de ces échanges gazeux fragilisent l’organisme. L’oxygène transforme aussi les nutriments issus de la digestion en énergie, utilisable par les cellules. Une mauvaise santé pulmonaire peut donc affecter nos niveaux d’énergie et notre vitalité.” 

On comprend donc facilement l’impact d’un système respiratoire négligé ou malade sur tout le reste du corps. Encore une fois, tout est lié : un bon entretien de notre système respiratoire, avec des outils aussi variés que des pranayamas, de la marche ou une infusion, a un impact sur tout notre corps.

Choisir les plantes 

Les plantes peuvent être classées par différentes catégories en fonction de leurs utilisations comme par exemple antibactérien, analgésique… et bien entendu, une seule et même plante peut avoir plusieurs de ces étiquettes. Je vous renvoie pour cela à la partie sur la classification des plantes dans “La phytothérapie” de Jean Valnet.

Le choix des plantes (et de leurs principes actifs) va varier en fonction de ce que l’on cherche à soutenir et des potentiels soucis de santé déjà présents dans le corps. 

Ainsi, on privilégiera des plantes mucilagineuses et émollientes comme la Mauve, le Coquelicot, le Bouillon-Blanc ou la Violette pour aider des muqueuses sèches et irritées.

Inversement, face à une surproduction de mucus, on partira plutôt sur des plantes astringentes et expectorantes comme l’Achillée Millefeuille, le Romarin ou l’Hysope.

Voilà pourquoi il est aussi important de connaître les plantes et leurs caractéristiques car on pourrait vite se retrouver avec l’effet contraire de ce que l’on recherchait.

Notre système respiratoire étant en première ligne face aux virus et autres bactéries, il est important de l’aider en stimulant le système immunitaire – du côté des plantes, on peut notamment citer l’Echinacée, l’Ail et le Sureau. Bien entendu, je fais référence ici à des virus / bactéries causant des affections de type rhume, grippe et autres toux.

Amener les plantes sur le tapis 

Revenons maintenant sur notre tapis. 

Il est tout à fait possible d’intégrer les plantes dans la pratique yogique. On peut pour cela utiliser l’olfaction, l’application cutanée ou l’ingestion. A doses modérées, on peut également opter pour un mélange subtil de ces approches.

Olfaction

Une première possibilité est l’olfaction – qu’on pratique généralement avec des huiles essentielles ou certains macérats huileux. 

Quoi : huile essentielle, baumes ou macérats odorants

Comment : en plaçant la source de l’odeur (pour une huile essentielle par exemple, l’intérieur du bouchon et le flacon ouvert) de part et d’autre du nez à l’inspiration et en l’éloignant à l’expiration. 

J’aime à visualiser les bienfaits de la plante que je respire, m’imprégner de son odeur, de toutes les nuances olfactives que chaque inspiration va dévoiler. On peut l’associer mentalement à des couleurs, textures, sensations ou des mots que l’on veut infuser en nous en plus des principes médicinaux de la plante.

Quand :

  • avant une séance (yoga comme méditation)
  • avant et après un pranayama
  • avant et après le savasana final

Il est possible aussi de préparer le lieu de pratique avec un diffuseur d’huiles essentielles ou encore de l’encens. Toutefois, je recommanderais de ne pas diffuser pendant la pratique, surtout si la pièce n’est pas aérée en même temps. 

En effet, la fumée de l’encens ou les huiles essentielles peuvent être, à forte dose, irritantes pour nos voies respiratoires, encore plus si nous faisons un effort physique et que nous sollicitons activement notre système respiratoire. Le cerveau va assimiler cette odeur dans laquelle nous “marinons” comme non dangereuse du fait d’une exposition prolongée et ne sonnera pas l’alerte, masquant ainsi sa toxicité réelle. Ce serait dommage de causer l’effet inverse de ce que nous recherchions !

Application

Une autre manière d’emporter les plantes avec soi sur le tapis est de les appliquer directement sur soi de manière cutanée.

Quoi : huile essentielle diluée avec une huile végétale, baume, macérat huileux de plante (dilué ou non à nouveau avec une huile neutre, selon sa puissance)

Comment : en massant un peu de notre mélange sur des zones ciblées – très souvent sur les poignets en remontant vers les bras ou la poitrine. La poitrine comme l’arrière du dos sont d’ailleurs des zones de choix quand on travaille sur le système respiratoire.

Il y a deux types de zones où j’évite des applications : les zones à risque pour ma santé (zone uro-génitales, muqueuses, yeux) et les zones à risque pour ma pratique. Cette dernière peut varier en fonction de ladite pratique. Le risque ici est de glisser malencontreusement, de perdre notre adhérence dans une posture à cause du corps gras ou du liquide. On évitera donc les pieds et les mains principalement, et toute zone où nous allons avoir besoin d’une sécurité dans le contact au sol.

Quand :

  • avant la pratique (yoga comme méditation)
  • avant le savasana final

Ingestion

On peut tout à fait utiliser les plantes en ingestion – à condition de savoir ce que l’on fait ou de suivre les indications d’une personne dont c’est la profession (je ne refais des avertissements d’usage mais tu m’as comprise).

Quoi : en boisson (infusion, gouttes de teinture mère ou de gemmothérapie, poudre de plantes ou de champignons), avec du miel, mélangé à du yahourt (de coco pour moi !) ou dans un chia pudding … les possibilités ici sont limitées à l’imagination !

Comment et quand : que ce soit pour une infusion ou une collation, je recommande de le prendre en sortie de pratique pour ne pas être gêné.e dans sa séance (par un estomac potentiellement plein ou une envie de faire pipi, en pleine torsion par exemple on rigole moins !). A l’inverse, des gouttes de teintures mère ou de gemmothérapie peuvent être prise sans problème avant de pratiquer, mélangées dans un verre d’eau.      

Tu as envie d’intégrer les plantes dans ta pratique mais par où commencer ? Pas de panique, je te propose maintenant deux recettes (et quelques variations) pour y remédier. 

Recettes

Les recettes que je te propose ici viennent en support du système respiratoire – notre fil rouge – mais elles sont bien sûr déclinables à l’infini.

Roll-on “Soupirs des Ents”

Une recette pour l’olfaction comme l’application cutanée.

Listes d’ingrédients

  • HV jojoba (ou votre huile végétale préférée, pour moi c’est le Chanvre !)
  • HE Ravintsara : 3 gouttes
  • HE Eucalyptus Radiata : 3 gouttes
  • HE Pin Sylvestre : 2 gouttes
  • HE Lavande vraie (1 à 2 gouttes)

La recette est calculée pour un roll-on de 10ml. 

Préparation :

  • Dans un flacon propre et sec, mettre les gouttes d’huiles essentielles. 
  • Remplir jusqu’à moitié du contenant avec l’huile végétale 
  • Bien fermer et secouer une première fois
  • Ouvrir et remplir le reste du flacon avec de l’huile végétale.
  • Secouer une deuxième fois.

Bonus : tu peux transformer cette préparation en baume (recette de la newsletter de novembre dernier) en y incorporant du beurre de karité. La version baume est idéale pour se masser la poitrine et l’arrière du dos.

Tisane “Douce Inspire”

Pour la recette “ingestion”, je te propose une tisane douce et herbacée pour prendre soin de tes bronches.

Listes d’ingrédients

  • Cannelle en morceaux : un morceau d’écorce de 5 cm environ
  • Thym (ou Serpolet) : une cuillère à café
  • Sureau (fleurs) : deux bonnes poignées
  • Eucalyptus (feuilles) : une cuillère à soupe
  • Echinacée (partie aérienne) : une cuillère à soupe
  • Achillée millefeuille (fleurs) : une poignée
  • Calendula : une cuillère à soupe

Préparation

  • Mélanger tous les ingrédients dans un bol
  • Mettre en pot et garder à l’abri de la lumière

Consommer avec une eau à 90° ou juste frémissante, 10 minutes d’infusion

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